Entrainement Grand Raid n°4 : le col du Taïbit

Publié le par Lionel CAILLER

Le TaïbitPour le quatrième entrainement « Grand Raid », notre terrain de jeux fût le cirque de Mafate.

C’est le plus sauvage des trois cirques de l’île. En effet il a pour particularité de n’être accessible que par deux moyens, l’hélicoptère ou à pied.  Il n’y a aucune route et c’est d’ailleurs ce qui fait tout son charme. Mafate compte environ 800 habitants répartis dans plusieurs îlets (villages). Le plus grand des îlets est La Nouvelle qui compte 150 âmes environ. Les premiers habitants du cirque furent des esclaves ayant fuis leur condition. Ils étaient quasiment sûrs que personne n’irait les chercher là-haut. Puis à l’abolition de l’esclavage en 1848, certains blancs n’ayant pas les moyens d’acheter un bout de terrain le La Nouvelle 003long du littoral s’exilèrent dans Mafate eux aussi.

Les années ont passées mais la modernité n’est pas totalement rentrée dans les mœurs ici. Pas de réseau électrique. L’énergie solaire est la seule source d’énergie. Quelques groupes électrogènes font le tampon en cas de besoin. Les ravitaillements ne se font plus à dos d’âne mais en hélicoptère maintenant. Chaque îlet possède son aire de posée. On trouve de nombreux gîtes, c’est quasiment le seul moyen de subsistance des mafatais. Beaucoup d’hommes sont également employés par l’ONF et  sont en charge de l’entretien des sentiers de randonnée.

J’aurai tant de choses à dire au sujet de Mafate, mais revenons sur notre sortie. J’aurai de toute manière d’autres occasions de vous en parler.Julien

Julien ayant des impératifs aux alentours de 16h en ce jour d’entrainement, nous décidons de prendre sa voiture pour nous rendre au point de départ. Cela nous permettra de rentrer sans avoir à attendre le reste du groupe en bus. Rendez vous est donné au Col des Bœufs, qui surplombe d’une part le cirque de Salazie, d’autre part celui de Mafate. Il nous faut une bonne heure et demie pour nous y rendre. Sur la route des trombes d’eau s’abattent ne nous annonçant rien de bon pour le reste de la journée. Par bonheur une fois au col, il ne pleut plus et on peut voir qu’il a l’air de faire beau dans Mafate. Ouf… je n’étais pas plus emballé que ça à l’idée de me taper une randonnée sous la flotte. Par contre il fait froid à 2000m d’altitude. On supporte le coupe vent, voire le sweat. Nous constatons que le reste de la troupe arrivée en bus est déjà partie. Nous sommes donc déjà en retard…

Au programme de la journée, un aller retour jusqu’au col du Taïbit. 25 km de marche pour environ 1900 m de dénivelé positif. On se disait avec Julien que ça allait être tranquille par rapport à notre dernière sortie. Quelle erreur de notre part…

Ecole de MarlatNous commençons par la descente sur La Nouvelle située à 4,5km du col et 600m plus bas. Julien a l’air motivé et nous voilà partis à trottiner tranquillement. Seul le bruit de l’hélicoptère ravitailleur viendra troubler la quiétude du site. Nous arrivons 1h plus tard à La Nouvelle. C’est fabuleux de se retrouver en ces lieux. On a peine à croire que des gens puissent vivre dans un tel isolement. Nous traversons l’îlet, et passons à côté de l’école. Chaque îlet possède son école primaire. Au-delà il faut s’exiler.

Direction maintenant Marla, un autre îlet, situé 5 km plus loin et 200m plus haut. Quand je dis 200m, il faut en réalité en rajouter car nous franchissons plusieurs petits cols avant d’atteindre Marla. Nous continuons sur le même rythme avec Julien. Au pas de course en descente et au pas tout court en montant. Il y a d’ailleurs quelques secteurs pas piqués des hannetons. Pour corser le tout, les sentiers de Mafate regorgent de sentiers  faits de marches n’étant pas de même niveau. Les cuisses et mollets ramassent. L’arrivée sur Marla est de toute beauté. Le temps est avec nous et nous offre une vue panoramique sur le cirque tout entier. On se sent vraiment tout petit. Il ne nous reste plus qu’à grimper le plat de résistance : le col du Taïbit. 1,8km de montée pour 550m de dénivelé. Ca ne vous parle peut être pas mais à mes cuisses et mollets, oui. L’ascension est une succession de marches. Certaines si hautes que j’ai l’impression que mes genoux touchent mon menton. Inutile de vous dire que le rythme cardiaque a sérieusement augmenté, je cherche mon souffle durant quasiment toute la montée. Il nous faudra 45 minutes pour atteindre le sommet. En guise de récompense, une superbe vue sur le cirque de Cilaos.Epicerie de Marla

Nous sommes sur un point de passage du Grand Raid. Nous devrons donc nous farcir ce col mais dans l’autre sens. Pas sûr que ce soit plus facile. Après une pause bien méritée nous redescendons sur Marla. La descente nous dégourdie un peu les jambes.

Il est temps de se restaurer. Nous prenons place sur la terrasse d’une épicerie-bar de Marla avec deux collègues que nous avons rejoints. On se laisse aller à déguster une « dodo » bien fraîche. C’est la bière locale. Pas excellente, mais terriblement rafraichissante, surtout dans ces moments. On s’attendait à se faire matraquer au niveau du prix, car tout arrive ici en hélicoptère, mais que nenni. Deux euros la bière, moins chère que sur la plage… allez comprendre. Après avoir profité du décor idyllique et d’une bière bien fraiche, il était temps de nous y remettre.

Marlat depuis le TaïbitNous repartons au petit trot, direction le Col des Bœufs. Du moins c’est ce que nous avions prévu. Nous avions repéré lors du trajet aller une bifurcation nous évitant de repasser par La Nouvelle et ainsi gagner de précieuses minutes afin que Julien soit à l’heure. Malheureusement nous ne l’avons jamais trouvé et nous sommes finalement arrivés à La Nouvelle.

Pour ce qui me concerne j’avais déjà pas mal tapé dans les réserves et la petite grimpette que nous allions devoir effectuer à Mach 2 pour espérer être à l’heure, allait je pense m’achever.

Je ne croyais pas si bien dire, et j’ai appris durant cette montée finale ce que c’était de ne plus avoir d’essence dans le moteur.  Les 4,5 km et 600m de dénivelé de ce col ont été terribles. Je ne sais pas si cette panne est due à une mauvaise alimentation, hydratation ou je ne sais quoi, toujours est il que je n’avançais plus. Nous avons dû nous arrêter plusieurs fois afin de profiter de quelques moments de récupération. Julien quant à lui a eu le bonheur d’attraper quelques crampes aux mollets (quelle chochotte…). Dans ces moments là on en oublie le paysage et on ne souhaite qu’une chose : arriver le plus vite possible.

L’ascension se terminera dans les nuages et par quelques marches. Nous arriverons à la voiture après un peu plus de 6 heures de marche.Lionel au col du Taïbit

Pour la petite histoire, après avoir eu du mal à redémarrer sa voiture, puis avoir failli me faire vomir dans la descente sur Salazie grâce à sa conduite sportive, Julien n’a même pas réussi à être à l’heure à son rendez-vous. Il avait 10 minutes de retard.

Sa chère et tendre (dont les hormones ont quelques fois tendance à la travailler ces temps-ci), a bien évidement sauté sur l’occasion pour nous en passer une petite (enfin surtout Julien). Ce qui est drôle c’est que de toute notre sortie, elle n’a retenue qu’une seule chose : on s’est arrêté boire une bière dans Mafate.

Ah les femmes…

Arrivée sur Marlat 2

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